Halle aux Chaussures : la grève s’amplifie
Les syndicats de la Compagnie européenne de la chaussure (Issoudun) appellent à la grève dans les magasins de La Halle et Chaussland, samedi.
Le premier jour des soldes, mercredi 11 janvier, les salariés de la Halle aux chaussures (*) de Saint-Gervais-la-Forêt ont lancé un mouvement de grève. En cause, les salaires et la précarité provoquée par de nombreux temps partiels. Ce samedi, à l’appel des syndicats de la Compagnie européenne de la chaussure (FO, CGT, CFE-CGC d’un côté et CFDT, CFTC et Sud de l’autre), une nouvelle journée de grève sera observée.
A Issoudun, Dominique vit une situation inédite. « Ça fait 30 ans que je bosse ici. Et c’est la première fois de ma vie que je me mets en grève », explique-t-il avec calme mais détermination. Quand on lui demande ses raisons, il sourit et mime le signe de l’argent avec ses mains. « Si on avait obtenu les 2,5 % qu’on demandait au départ, je ne serais pas là. » David, un de ses collègues, utilise des mots plus crus, reflets de sa colère. « Ce que la direction propose, c’est du foutage de gueule. Il y en a ras-le-bol. De l’argent, ils en ont. On ne lâchera rien. C’est à eux de lâcher un peu. »
Hier matin, au troisième jour de grève totale, l’ambiance restait malgré tout bon enfant. Si le mouvement est désormais aux mains de deux intersyndicales, les salariés et leurs représentants se serrent les coudes devant le piquet de grève. Les syndicats demandent à présent une augmentation des salaires d’au minimum 3 % et le paiement des heures de grève « à hauteur de 50 % et la possibilité de prendre le reste en récupération », précise Pierre Passant (FO).
Les salariés se disent motivés pour tenir. « On espère que la direction va accepter de rouvrir le dialogue et qu’on trouvera une issue d’ici ce soir. Sinon, on est prêt à se relayer ce week-end au piquet de grève pour recommencer le mouvement dès l’arrivée de l’équipe du dimanche soir », explique Marie-Laure Brouillet (CFDT).
Débrayages
à Montierchaume
Le conflit au sein de la Compagnie européenne de la chaussure fait tâche d’huile au sein du groupe Vivarte. Hier matin, les quatre organisations syndicales, CGT, FO, CFDT et CFTC ont été reçues par la direction de La Halle aux vêtements à Montierchaume (Indre) « pour d’abord demander l’ouverture de négociations avant d’avancer des chiffres ».
Des syndicats qui sont ressortis déçus. « Pas de surprise, la direction a proposé 1,4 % d’augmentation de salaire, c’est tout, et une amélioration des conditions de travail pour les femmes enceintes. C’est absurde et dérisoire », s’insurge David Dion, du comité hygiène et sécurité du travail (CHST).
« Nous avons aussitôt décidé des débrayages de 55 minutes dans chaque équipe du matin, de jour et de nuit, dès ce jeudi et reconduits aujourd’hui vendredi », indique David Dion. Le responsable prévient : « Si vendredi soir, il n’y a pas d’avancée dans les négociations, le mouvement risque de se durcir par des débrayages plus longs ou un arrêt total. »
Le représentant du CHST précise : « Il n’y a pas seulement les augmentations de salaire mais aussi les conditions de travail à revoir et nous souhaitons plus de souplesse dans la flexibilité ». David Dion le rappelle « A notre demande, les inspecteurs du travail sont venus deux fois dans l’entreprise et il a fallu faire une pétition pour les soutenir dans leur action ».
(*) La Compagnie européenne de la chaussure qui regroupe La Halle aux Chaussures et La Halle aux Vêtements, appartient au groupe Vivarte.