Une vie partielle pour une misère totale ! – JEC n°63

Les temps sont durs et les perspectives sont sombres pour les salariés du Commerce.
Des négociations sur les minima salariaux proches de zéro, des tentatives de déroger aux 24 heures hebdo minimum pour les temps partiels, par des accords de branches.
Pour la Branche des Fleuristes, la première proposition était à 7 heures hebdo pour les temps partiels. Dans cette même branche, les deux premiers niveaux des minima sont en dessous du SMIC pour le dernier accord étendu au mois de novembre.
C’est aussi 17 échelons sur 21 qui sont en dessous de 1,6 fois le SMIC… ce qui permet de bénéficier des allègements sur les bas salaires.
Mais c’est aussi près d’un tiers des salariés qui sont à temps partiel dans les entreprises couvertes par la convention collective nationale des Fleuristes, de la vente et des services des animaux familiers.
Vendre des fleurs n’apporte pas le bonheur !
Parmi toutes ces fleurs, il y a
« … la plus grande la plus belle
Celle qui pousse toute droite sur le fumier de la misère
Celle qui se dresse à côté des vieux ressorts rouillés
A côté des vieux chiens mouillés
A côté des vieux matelas éventrés
A côté des baraques de planches où vivent les sous-alimentés
Cette fleur tellement vivante
Toute jaune toute brillante
Celle que les savants appellent Hélianthe… » (1)
C’est peut-être pour cela que les « jaunes » ont choisi cette couleur pour rappeler leur besoin de misère pour exister.
Une autre branche a brillé, comme l’Hélianthe, par un accord sur le travail du dimanche, celle du Bricolage.
Après avoir essuyé un refus unanime contre la négociation du seuil du temps partiel, la partie patronale introduit le contrat week-end, soit 14 heures par semaine. Le seuil est franchi.
Habile, mais aucune excuse n’est possible de la part des signataires, puisque la délégation FO a su dénoncer la manœuvre. Ils sont donc responsables… qui ? Les signataires de cet accord, qui sont aussi signataires de l’ANI sur la flexisécurité : CFTC, CGC, CFDT. Ils renient leurs grandes conquêtes.
Cette mesure s’est aussi accompagnée par la confirmation que le volontariat n’existe pas, en particulier si le travail du dimanche est contractuel. Pas de possibilité de revenir en arrière, au regard de l’accord… sauf que, là encore, la délégation FO avait dénoncé le fait que certains contrats avaient été signés avant la loi Mallié et d’autres en dehors des PUCE -Périmètres d’Usage de Consommation Exceptionnel- (avant le décret du 3/12/2013), c’est-à-dire des contrats illégaux.
La FMB (Fédération des Magasins de Bricolage) met les menottes ; la CFTC, la CGC et la CFDT mettent les fers aux pieds.
La délégation FO avait revendiqué pour les salariés concernés par un contrat « week-end » un « volontariat » pour le travail en semaine. Cette possibilité de pouvoir travailler en semaine a essuyé un refus de la FMB, pendant la négociation.
Coup de théâtre, ou petite opérette, peu de temps après, une recommandation patronale allait dans notre sens. Entre recommandation et accord, il y a un fossé, celui du mépris vis-à-vis des salariés concernés et qui travailleraient dans les entreprises non adhérentes à la FMB. Elles n’ont aucune obligation de la respecter.
Quant aux adhérents de la FMB, qui vérifiera le respect de cette recommandation ? Ils ont déjà tant de mal à respecter le code du travail et la convention collective.
Un décret annulant l’application des droits des salariés pourrait enfin les libérer de toutes contraintes au nom de la rentabilité des comptes personnels des grandes fortunes du secteur. Un peu de solidarité tout de même.
Smicard à temps partiel, un programme actif pour fabriquer des travailleurs pauvres, bénéficiaires du RSA pour certains. Oui, des assistés comme certains le disent.
A ceux qui montrent du doigt la misère pour s’élever en société : « si vous trouvez que les gens qui ont le RSA sont des assistés, démissionnez et vivez avec 470 € par mois, vous aurez autant de chance qu’eux. » (2).
Les salariés pauvres, comme les autres, pourront savourer les bienfaits de l’ANI « fléxitoutdéglingué », en particulier, avec l’imposition de la part patronale des complémentaires santé, avec effet rétroactif. Rare pour une loi.
On baisse les cotisations patronales (notre salaire différé), on impose la part patronale des complémentaires et on complète les salaires par le RSA grâce à nos impôts.
A vérifier… est-ce que ceux qui bénéficient d’un crédit d’impôt le verront réduit avec l’imposition de la complémentaire santé ?
Il y a tout de même quelques rayons de soleil (autre nom de l’Hélianthe).
Pour compléter son salaire, on peut aussi travailler jusqu’à minuit sur les Champs-Élysées. Travailler sur la plus belle avenue du monde avec un éclairage magnifique, que demander de plus. Ça mériterait d’être payant pour y travailler. Oui en payant de sa vie, étant donné que le travail de nuit diminue l’espérance de vie. Pourtant, on dit toujours que l’espoir fait vivre.
Et puis SDF sur les Champs au prix du mètre carré, les assistés ont l’art de se plaindre.
On commence un peu à délirer… Mais c’est le tournis qui provoque ça. On ne sait plus où donner de la tête pour éviter les coups libéraux du gouvernement de « gôche » qui distribue des droites :
- plus de 3 millions de SMICARDS en 2013(3) ;
- 4,7 millions de personnes sont couvertes par le RSA en juin 2013 (de juin 2009 à juin 2013, le nombre de bénéficiaires RSA a augmenté de 50%) (4).;
- plus de 5 millions et demi de personnes concernées par le chômage (toutes catégories confondues) (5).
Certains cumulent SDF et Chômage, voire SDF et SMICARDS…
Tout le monde n’est pas à plaindre puisqu’il y a :
- 65 milliards d’euros d’aides offertes aux entreprises (6),
- 330 milliards d’euros, c’est la fortune totale des 500 Français les plus riches, qui a progressé de presque 25 % en un an(7).
Assez de souffrance, ça ne peut pas continuer.
L’appel pour le 18 mars doit être un moment fort pour porter nos revendications pour en finir avec la rigueur imposée depuis une trentaine d’années et refuser le programme ultralibéral du gouvernement.
Le 18 mars, pour ne pas être traité comme la Grèce, c’est la grève qu’il faut !
(1) Jacques Prévert – Fleurs et couronnes
(2) Propos prêtés à Jean ROCHEFORT
(3) http://travail-emploi.gouv.fr
(4) http://www.rsa-revenu-de-solidarite-active.com
(5) http://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%B4mage_en_France#cite_note-5
(6) http://www.deficreation.com/creation_reprise_entreprise_article_136.html